N° 7 : librairie Les Vraies Richesses

Librairie Les Vraies Richesses : une des dernières librairies indépendantes en Essonne

58, Grande-Rue 91260 Juvisy-sur-Orge

Zone de chalandise : 50% des clients viennent de Juvisy-sur-Orge, 20% d’Athis-Mons et 10 % se partagent entre Savigny-sur-Orge, Viry-Châtillon et Draveil. D’autres encore viennent de Corbeil-Essonnes, Ivry-sur-Seine ou même de Paris.

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Philippe Soussan, responsable de la librairie les Vraies Richesses, 2015 (1)

 

Histoire du commerce

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La librairie des Feuillantines, 2003 (2)

1936 : ouverture de la librairie Les Vraies Richesses à Alger par Edmond Charlot, référence de celle de Juvisy-sur-Orge

1980 : ouverture de la librairie Les Feuillantines à Juvisy-sur-Orge (rue Victor-Hugo)

2005 : fermeture de la librairie Les Feuillantines et achat de l’immeuble de l’actuelle librairie par son propriétaire, qui proposera le local à Philippe Soussan trois ans plus tard

2008 : début du projet des Vraies Richesses, initialement prévu dans un autre local de la Grande-Rue (l’actuel CIC) et travaux de rénovation de la rue piétonne

Mercredi 10 juin 2009 : ouverture de la librairie au 58 de la Grande-Rue

2013 : création de l’association Adélie qui réunit les librairies indépendantes de l’Essonne

Le photographe du Studio Martinet se souvient de la librairie voisine : « Alors là tous les vieux Juvisiens pourront vous en parler de M. et Mme Routier, avec les bonbons qui étaient posés sur le comptoir ». Cette librairie, alors appelée librairie du lycée (en rapport, sûrement, avec l’établissement Saint-Charles qui était situé juste en face), a changé de propriétaires et est devenue la librairie des Feuillantines en 1980. Serge Boudon en était le libraire. Cette librairie « a creusé le sillon de la librairie indépendante » dans la ville, selon le libraire actuel, Philippe Soussan. La fermeture des Feuillantines en 2005 a été une grande perte pour  Juvisy-sur-Orge. L’actuel libraire, Philippe Soussan, a alors décidé d’ouvrir une nouvelle librairie dans la commune et cela ne s’est pas avéré facile : « Monter une librairie est une entreprise périlleuse. Elle l’est d’autant plus en Essonne. Quand vous regardez le paysage commercial, ce n’est pas la Chine, mais on n’en est pas très loin. C’est-à-dire que vous avez un centre commercial à tous les pâtés de maison. Mes principaux concurrents ici, pour parler crûment, c’est Carrefour, Leclerc – Belle-Épine ça ne l’est plus –  la Croix-Blanche avec Cultura et la Fnac, Thiais aussi. Tous ces centres commerciaux là… j’en oublie quelques-uns parce que je ne vais pas faire de la pub… mais ils nuisent grandement, d’une manière générale,  au commerce de proximité. Le territoire de l’Essonne, c’est un territoire qui est assez grand, où les gens se déplacent beaucoup en voiture. Donc ça ne favorise pas la venue en centre-ville qui est une démarche presque militante aujourd’hui. On vient en centre-ville : on vient défendre son libraire de proximité. Ce qui est quand même, en soi, un peu dur à avaler. Un commerce, c’est d’abord un endroit où on vient acheter et vendre. Mais là, on est dans une autre démarche, qui me plait […] parce que vous êtes un acteur social et un acteur économique et les deux ne font pas forcément bon ménage. Une librairie, ce n’est pas qu’une boulangerie, qu’un magasin de vêtement, c’est un commerce avec autre chose. Autre chose qui le caractérise.  »

Aujourd’hui, la librairie des Vraies Richesses possède un large choix de livres et une clientèle fidèle. Elle a également reçu le label LIR (Librairie Indépendante de Référence) en 2012.

 

Urbanisme et architecture

 

La libraire est installée dans la Grande-Rue de Juvisy-sur-Orge, une des plus anciennes rues de la ville qui se situe sur le tracé de l’ancienne route royale reliant Paris à Fontainebleau. Il s’agit du cœur historique de Juvisy-sur-Orge, aujourd’hui transformé en rue piétonne, rénovée entre 2008 et 2009.

Le local de la librairie mesure 65 m². L’agencement intérieur de la boutique permet au libraire de proposer 10 000 références. Un profond travail d’aménagement de l’espace a été mené avec un architecte. Chaque élément est réfléchi, du présentoir en vitrine à la couleur des murs, en passant par les tables disposées au centre de l’espace. Les descentes de gauche (comprendre bibliothèques) sont consacrées à la littérature. Leur faisant face, celles de droite accueillent les ouvrages documentaires (histoire, politique, universitaire…), les revues, les livres sur les questions de société, les beaux livres, le parascolaire, les sciences. Au fond, les étagères mettent en avant des nouveautés ou de beaux livres chers au libraire. Les tables permettent aux lecteurs ou aux amis (comprendre aux clients) d’avoir des livres à portée de main, dont la couverture est visible. Elles sont mobiles afin de dégager temporairement l’espace de la librairie qui accueille régulièrement des événements culturels.

Le libraire souhaitait pouvoir exposer le plus de livres possibles et les rendre accessibles. Pour cela, il a opté pour un interclassement total mélangeant poches, grands formats et les livres sur… « Le classement est très simple. Vous avez un classement de littérature, en face de vous. Littérature de langue française au début, les trois premières descentes, enfin les trois premières bibliothèques. Et puis la littérature traduite. Et c’est un interclassement total. Je mélange les grands formats, les poches et les « livres sur ». Exemple: vous cherchez une biographie sur Stefan Zweig, vous n’allez pas la trouver à… je ne sais pas qui a écrit une biographie de Stefan Zweig… mais vous allez le trouver à Stefan Zweig. J’interclasse. Si vous cherchez une biographie sur Rimbaud ou le texte d’Antoine Compagnon sur un été avec Baudelaire, vous n’allez pas le trouver à Compagnon mais à Baudelaire. J’interclasse. Vous aimez quelqu’un ou vous cherchez une biographie sur quelqu’un, vous allez la trouver à l’endroit où vous cherchez ses textes. Ça c’est pour la littérature. En jeunesse, vous avez au centre les albums : le premier âge (o-2, 2-4). Et puis pour l’espace jeunesse/ado, c’est un interclassement assez large : roman, documentaire, BD. On classe alphabétiquement par éditeur, puis auteur. On commence à Albin Michel et on finit à Zulma. On a deux types de classement : un classement ado et un classement jeunesse. Ensuite, vous avez les albums, les documentaires jeunesses, le polar. Le polar et la BD. Et de ce côté, tout ce qu’on appelle documentaire (histoire, politique, universitaire), les revues, les livres de société, les beaux livres, le parascolaire, les sciences… Voilà, c’est un classement assez simple. »

 

 

Contexte général

La librairie Les Vraies Richesses est un commerce situé en centre-ville, à proximité de la gare de Juvisy-sur-Orge à laquelle la commune doit son développement à partir de la fin du XIXème siècle. La librairie se situe dans le cœur historique de la ville. Il s’agit d’un véritable commerce de proximité. Elle est proche de ses clients géographiquement et le libraire cultive cette proximité dans ses relations avec les lecteurs et les différents acteurs culturels du territoire.

La librairie Les Vraies Richesses est une des rares librairies indépendantes en Essonne. Avec huit autres librairies, elle  a créé l’association des librairies indépendantes en Essonne ( l’Adélie) qui a édité un manifeste :

Article 1 : les livres ont le droit d’être vendus par quelqu’un qui les aime. L’Adélie est un regroupement de libraires, libres dans leur choix éditoriaux et indépendants financièrement.

Article 2 : un livre doit toujours être accompagné par beaucoup d’autres livres. L’Adélie met en réseaux des libraires soucieux de travailler en profondeur leurs offres et leurs assortiments.

Article 3 : tout livre désiré doit pouvoir être obtenu. L’Adélie mutualise stocks et connaissances des librairies associées. Nos libraires connaissent bien les catalogues, y compris ceux des petites maisons d’édition, et disposent d’outils de recherche performants. Et pour vous, ils sauront trouver l’introuvable !

Article 4 : un livre sert aussi à mieux vivre ensemble. L’Adélie tient à faire partager lectures, promotion des auteurs et éditeurs. La vie culturelle de nos villes et notre région compte énormément pour ses libraires. Ils s’y impliquent en prenant l’initiative d’animation ou en s’associant à des manifestations autour du livre.

Article 5 : un livre doit être entouré par des gens de métier. Les librairies sont « colporteurs » auprès des institutions culturelles (théâtres, cinémas , conservatoires, médiathèques…), des établissements scolaires et professionnels du livres.

 

Anecdote

En 1936, Edmond Charlot ouvre une librairie à Alger et la nomme d’après le livre éponyme de J. Giono : Les Vraies Richesses. Le libraire de Juvisy-sur-Orge étant un admirateur d’Albert Camus, dont E. Charlot était l’éditeur, il reprend le nom de la librairie d’Alger. Edmond Charlot est le lien entre Camus et Giono, tout comme le libraire de Juvisy-sur-Orge aime à être un lien entre les différents visiteurs de sa boutique. Il a d’ailleurs repris à E. Charlot l’habitude de présenter les clients les uns aux autres. « Je vais faire une soirée qui me tient aussi beaucoup à cœur, à la librairie, pour le coup. Une soirée sur un monsieur que vous ne connaissez pas et que je vous invite à découvrir : un monsieur qui s’appelle Edmond Charlot qui a créé la librairie Les Vraies Richesses, la première, celle qui s’appelait Les Vraies Richesses à Alger, en 1936. On va découvrir ici, lors de cette soirée, le parcours de cet homme, qui a été le premier éditeur de Camus.  Edmond Charlot est mort en 2004 et né en 1915. On fête son centenaire cette année. Il y a un catalogue raisonné qui a été édité par un petit éditeur qui s’appelle Domens. A mes côtés il y aura Agnès Spiquel, qui est universitaire et qui préside la société des études camusiennes. Quelqu’un d’assez costaud sur Camus. Tous les deux on présentera Edmond Charlot : je donnerai mon avis de libraire, elle donnera son avis d’universitaire. Et puis échange avec le public, s’il y en a. Parce qu’on ne sait jamais, ce sont toujours les aléas de ce genre d’animation.»

 

Vers un autre commerce de la carte :

N° 1 : Pharmacie de la Vieille Poste, Paray-Vieille-Poste

N° 5 : Mercerie le Dé d’argent, Athis-Mons

Carte et liste des commerces de l’exposition hors-les-murs

Présentation de l’exposition hors-les-murs et liens vers les autres commerces

Crédits iconographiques : (1) Maison de Banlieue et de l’Architecture, Manon Bélec, photographe ; (2) Région Île-de-France, service Patrimoines et Inventaire, ADAGP, Philippe Ayrault, photographe ; (3) Maison de Banlieue et de l’Architecture, réalisation Manon Bélec

1 commentaires

  1. Serge BOUYER dit :

    Monsieur bonsoir,
    Ancien habitant de Juvisy-sur-Orge, je suis retiré dans le cantal dans une petite ville médiévale.
    J’ai longtemps fréquenté la Libraire « Les Feuillantines » et à la liquidation de celle-ci, j’ai été fort chagriné.
    J’ai pu acheter le dernier jour à M. Olivier Hiceb, la Gravure originale faite en 1989 à l’encre de Chine et représentant la dite Librairie et qui se trouvait au dessus de la caisse. Elle avait d’ailleurs servi à faire les marques pages de l’établissement. C’est avec une nostalgie certaine que j’avais à l’époque écris un petit poème sur la petite Librairie qui vivait ses derniers instants. Je trouve sur votre Site une photo des Feuillantines que j’aimerais avoir si cela vous est possible en format assez grand. Vous remerciant de votre aimable attention, recevez Monsieur mes Salutations cantaliennes.

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