N° 5 : mercerie Le Dé d’Argent

Mercerie le Dé d’Argent : un commerce atypique dans un territoire en mutation

7, avenue François-Mitterrand 91200 Athis-Mons

Zone de chalandise : les communes environnantes (Athis-Mons, Savigny-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge, Évry, Orly), la Seine-et-Marne, la France.

 

Histoire du commerce

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Intérieur de la boutique, 2015 (1)

vers 1984 : arrivée de la première mercière dans la boutique le Dé d’Argent (anciens cycles Marceau). Elle reprend alors l’activité de sa belle-mère.

1er mai 1988 : déclaration d’activité de Danielle qui reprend la mercerie Le Dé d’Argent

1995 : expropriation des parcelles pour la construction de la Maison des Solidarités

1996 : déplacement du stock et installation de la mercerie dans un nouveau local dans l’îlot urbain voisin (emplacement actuel de la boutique)

1999 : tempête qui endommage certains bâtiments le long de la N7, mais la mercerie est épargnée

vers 2000 : travaux de fermeture du tunnel de la N7 qui permettent temporairement à la mercerie de disposer de quelques places de stationnement supplémentaires

2006 : construction de la maison des solidarités sur la parcelle attenante à la mercerie

2013 : rénovation de la boutique, notamment du plafond sur lequel était auparavant exposés des toiles et des produits

Novembre 2013 : mise en service du tramway T7, dont le terminus se situe à côté de l’hypermarché Carrefour, à 2 km de la mercerie

 

La mercerie Le Dé d’Argent offre un service qui contraste avec les commerces voisins. Danielle, la mercière, exerce depuis 1988. Elle est arrivée sur Athis-Mons avec ses parents, qui y ont fait construire un pavillon en 1968. Elle passait régulièrement devant la première mercerie Le Dé d’Argent en prenant le bus. Sa famille et elle-même travaillaient dans la restauration. A la faveur d’une reconversion professionnelle, elle a repris l’activité de la mercerie. Danielle s’est formée directement en travaillant : « Je suis système D, je m’adapte ».

La mercerie vend au détail des articles de coutures et de boutonnerie, du matériel de couture, des peluches, des objets à border, du tissus, des sacs et d’autres articles faits main… Les clients, qui sont plutôt des clientes, peuvent également commander des produits spécifiques. La mercière semble accorder une importance toute particulière aux conseils qu’elle peut offrir pour la mise en œuvre des travaux de ses clientes.

En plus de son activité commerciale, la mercière a créé des relations et des échanges entre les clientes. Certaines sont à présent devenues des amies de Danielle. D’autres viennent aujourd’hui avec leurs enfants. Souvent, les clientes savent ce qu’elles veulent et ne passent que peu de temps dans le magasin (5 minutes environ). Parfois, elles se mettent à fouiller, à découvrir d’autres choses et prennent alors plus de temps que prévu (15 minutes et plus). La propriétaire cherche à créer un climat convivial dans sa boutique, où les clientes se sentent à l’aise. Elles viennent assez régulièrement et semblent être fidèles à la boutique.  A force, certaines clientes ont noué des liens d’amitié entre elles et se retrouvent autour d’un café à la mercerie. Il y quelques temps on pouvait y suivre des cours de couture, mais ceux-ci se sont arrêtés faute de professeur. Ces cours se déroulaient dans la boutique, autour de la table qui occupe le centre de l’espace. Il y avait quatre  élèves, qui apportaient leurs propres machines à coudre, installés autour de la table de façon à ce que l’on puisse tourner autour pour regarder leur travail.

La clientèle provient essentiellement des communes voisines (Athis-Mons, Savigny-sur-Orge, Juvisy-sur-Orge, Évry, Orly…) mais aussi de plus loin (77). Une partie des clientes se déplace à pied. Mais beaucoup viennent en voiture et ont des difficultés à se garer à proximité de la boutique. La mercière a créé un site Internet via lequel il est possible de commander et de demander des conseils. Aussi, des clients qui ont déménagé parfois loin continuent de se fournir au Dé d’Argent.

 

Une « caverne d’Ali Baba »

Il y a des articles partout. Tous les murs sont occupés par des rangements, des portiques au centre de l’espace présentent différents produits. Au fond, une petite caisse disparaît presque derrière les objets exposés. Dans cette boutique, on fouille pour trouver ce que l’on veut ou on demande à la mercière qui sait trouver chaque article. Les clientes qui attendent leur tour peuvent s’asseoir autour de la table pour patienter. L’organisation spatiale contraste avec celle des chaînes de magasins où les produits sont rangés selon une nomenclature précise sur des présentoirs normés.

 

Urbanisme et architecture

 

La mercerie est située sur la route nationale 7 (N7), ancienne route royale de Paris à Fontainebleau, au carrefour avec l’axe la reliant à l’A6 (avenue Gabriel-Péri /boulevard Aristide-Briand). Ce carrefour existait déjà au XVIIIème siècle. Il s’agit d’un lieu de passage ancien, transformé par le développement des déplacements en voitures : le revêtement, la vitesse autorisée, la présence de voie piétonne de part et d’autres, la largeur de la voie… Cela participe aux transformations du territoire. Ces mutations ont souvent des répercussions sur leur environnement, pas toujours bénéfiques. Par exemple, dans le cas de la mercerie, malgré le nombre important de voiture passant à cet endroit, les places de stationnement sont limitées. L’accès à pied reste possible mais la vitesse et le bruit des voitures peut décourager certains clients. Par ailleurs, lors de la rénovation des trottoirs bordant la voie, une marche a été ajoutée à l’entrée de la boutique ce qui crée une gêne pour les client(e)s âgés ou venant avec des poussettes ou des cadis.

La boutique tire aussi profit de son implantation le long de la N7, en particulier parce qu’elle est située juste à côté d’un feu ce qui offre les deux vitrines à la vue des automobilistes momentanément arrêtés. Il s’agit d’un atout concernant la promotion du commerce si l’on considère que la voiture est le mode de déplacement le plus utilisé en banlieue.

Aujourd’hui se pose la question du passage du tramway (T7) sur la N7 et de ses conséquences sur les commerces bordant la route. En effet, arrivée en 2013 à Athis-Mons, cette ligne de tramway devrait être prolongée jusqu’à la gare de Juvisy dans les années à venir.

 

Contexte général

La mercerie est un commerce devenu rare, son utilité ayant diminué avec le développement du prêt-à-porter.  Son nom est dérivé de mercier qui signifie à l’origine commerçant. La mercerie vend l’ensemble des produits servant à la couture, à la création de vêtement ou encore aux travaux dit de dames. Ce type de commerce est remplacé peu à peu par les grands magasins au XIXème siècle, puis par les rayons merceries des grandes surfaces.

Afin de trouver une alternative face à la concurrence des grandes enseignes, la mercerie s’est dotée d’un site Internet pour la vente. C’est une manière de faire du commerce en rupture totale avec celui prôné par la mercière, mais qui semble inévitable pour la survie de son activité.

La mercière, observe depuis deux ou trois ans un retour à la couture pour réparer des vêtements, peu importe leur prix initial. Le prêt-à-porter a réduit cette pratique pendant un temps, mais il semble qu’il y ait un retour à la réparation des habits : dissimuler les trous, changer les fermetures éclair… Plusieurs facteurs peuvent en être la cause : l’augmentation des prix, la mode du Do It Yourself (Faites-le vous-même ») qui se fait de plus en plus sentir en France.

 

Anecdote

La mercière du Dé d’argent est une des premières à avoir développé la technique du papier parchemin en France. Il s’agit d’une technique de découpage de papier très précise, nécessitant des outils spécifiques (cutter fin, pointe…). Le rendu donne l’effet d’une dentelle sur papier.

 

Vers un autre commerce de la carte

N° 2 : Hypermarché Carrefour, Athis-Mons

N° 11 : Quincaillerie Guinard, Savigny-sur-Orge

 

Carte et liste des commerces de l’exposition hors-les-murs

Présentation de l’exposition hors-les-murs et liens vers les autres commerces

 

Crédits iconographiques : (1) Maison de Banlieue et de l’Architecture, Manon Bélec, photographe ; (2) collection particulière ; (3) collection jardin Jovet

2 commentaires

  1. londero dit :

    Gros travail de recherches pour retrouver la date de ces événements.Très beau dossier avec ces commerces qui perdurent
    Merci a toute l’équipe pour ce travail.
    Un merci particulier pour Manon Bélec qui au travers de son article m’a appris pleins de choses sur mon quartier.
    Cordialement

  2. Anne-Marie BELLENOTTI dit :

    superbe reconstitution de la mercerie . Tu as du avoir beaucoup de travail pour réaliser cela . Félicitations a toi. Je pense souvent à nos instants passés ensembles dans la boutique et ailleurs. J’espère que tu pourra rester longtemps sur ta nationale. Bisous Anne-Marie

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