Bulle culturelle n°5

Bonne lecture !

Poissons d’avril ou réels ? Parmi ces photos, lesquels sont présents dans la Seine ?

« Enfin, diverses espèces de poissons d’eau douce qu’on trouve dans la Seine et l’Orge : la carpe, le barbeau, le gardon, le goujon, l’ablette, l’anguille. » C’est ainsi que M. Léonidas Fouque, instituteur à Athis-Mons, conclut son énumération des animaux présents dans la ville, dans la monographie communale rédigée en 1899. A ce moment, la Seine a déjà été canalisée et les premiers barrages et écluses ont été construits. Ces aménagements sont des obstacles pour les poissons, particulièrement ceux qui remontent le courant vers les zones de reproduction. Des passes à poissons et des toboggans ont depuis été construits mais ils ne suffisent pas pour permettre le passage de toutes les espèces. L’augmentation de la pollution a également eu un impact négatif sur la biodiversité du fleuve.

Cette liste d’espèces piscicoles présentes dans la Seine et l’Orge a ainsi varié au cours du XXe siècle, diminuant très fortement avant de remonter dans le dernier quart du siècle. Seules trois espèces étaient répertoriées dans les années 1970 contre une trentaine en 2019. Des espèces ont disparu comme l’esturgeon européen ou le saumon atlantique, d’autres sont revenues.

Si cette augmentation est une bonne nouvelle, elle regroupe différentes situations :

  • Espèces communes aux effectifs importants : anguilles, gardons, chevennes
  • Espèces fragiles : goujons, vandoises, barbeaux
  • Espèces non autochtones indésirables : poisson-chat, carpe commune, perche soleil, silure, truite arc-en-ciel

Ces espèces dites exotiques ne proviennent pas nécessairement de contrées lointaines et sont arrivées dans la Seine par différents moyens depuis le XIXe siècle. Certaines sont parvenues jusqu’à la Seine en empruntant les canaux construits pour relier le fleuve à d’autres cours d’eau. D’autres ont été introduites volontairement par des naturalistes ou pour diversifier les prises de pêches ou se sont échappées de bassins d’élevage. Ces poissons représentent un danger pour les espèces autochtones parce qu’ils sont en concurrence pour la nourriture et les sites de pontes mais également parce qu’ils peuvent en être les prédateurs.

Merci à Cloé Fraigneau pour son article dans le cahier Banlieue sur Seine. Histoire et devenir des usages et paysages du fleuve qui a servi de base à la rédaction de cette bulle.

Photo Emilie Legenty, Grand-Orly Seine Bièvre

Il n’y a pas que le 1er avril que la presse s’amuse à faire des blagues à ses lecteurs, en voici une de La voix des communes, le 16 décembre 1893.

« Cher citoyen Meynet,

Une grande nouvelle circule au Port-à-l’Anglais, la chose est énorme, incroyable, stupéfiante !! On va détourner le lit de la Seine. […]

Cela vous semble impossible ! Cependant il suffit de venir voir ce qui se passe ici depuis une quinzaine. Une légion de géomètres, d’arpenteurs, de niveleurs tirent des plans, mesurent les terrains des maisons et tous, invariablement, nous répondent : On va détourner le lit de la Seine !!

Mais pourquoi faire ? Cela ressemble au fameux chemin de fer à bateaux, qu’on annonça aux gobeurs, un jour d’élection.

On en rigole, il y en a qui pleurent ! Eh bien quoi, on va détourner le lit de la Seine pour qu’elle marche bien droit devant elle et non en zigzaguant.

[…]

Détournera-t-on le lit oui ou non ? Je voudrais bien le savoir. Mais je crois bien que tout ce mesurage, cet arpentage, ce nivelage, c’est tout simplement une blague, une façon pour l’administration française de nous faire croire que son nombreux personnel sert vraiment à quelque chose et qu’il gagne l’argent qu’on lui paye.

Qui vivra verra.

Populus

PS : Populus, mon ami. Il parait que le gouvernement ne veut point chasser la Seine de son lit, mais simplement faire une route stratégique avec un pont qui reliera Vitry à Alfortville. »

Le pont du Port-à-l’Anglais entre Vitry-sur-Seine et Alfortville sera bien construit 19 ans plus tard.

Merci à la Société historique de Vitry-sur-Seine pour cette anecdote.

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