Qu’y avait-il à la place de ce bassin ?
Ce bassin a remplacé d’anciennes fouilles de sable, développées à partir des années 1860 pour répondre aux besoins de matériaux de construction.
Les plus anciennes fouilles ou sablières ont été abandonnées quand leur exploitation a pris fin et se sont remplies d’eau. Elles ont pour la plupart été rachetées par des collectivités territoriales pour être nettoyées et sécurisées et sont généralement ouvertes au public. La situation est différente pour les plus récentes puisqu’un plan de remise en état est prévu dès le début de l’extraction. Connectées à la Seine par de petits canaux, ces fouilles permettent de limiter l’impact des crues en recueillant le surplus d’eau.
Certaines de ces anciennes sablières sont des lieux privilégiés pour le développement d’une faune et d’une flore de zone humide, sur les rives mais aussi dans les eaux calmes des bassins. C’est notamment le cas des lacs de Viry-Châtillon et de Grigny. Ils attirent les oiseaux qui viennent y nicher, y passer l’hiver ou s’arrêter pendant une migration, comme les martins-pêcheurs, les chevaliers guignettes, les aigrettes garzettes…
À quoi servent ces pierres ?
C’est un brise-vagues qui, accompagné d’hélophytes plantées sur la rive, permet de limiter l’érosion des berges.
L’aménagement de la Seine pour en faire une voie navigable a favorisé l’érosion de ses berges. La création de chemins de halage a nécessité de déboiser et d’aplanir l’une des rives. Les routes et les quais de chargement des ports et des usines ont remplacé ces chemins, poursuivant l’imperméabilisation et le tassement des sols. La multiplication des bateaux à moteur a augmenté le nombre et la hauteur des vagues. Les ragondins et rats musqués, espèces originaires d’Amérique du Nord, participent aussi à ce phénomène en creusant des terriers qui fragilisent les berges. Si certains en profitent pour y nicher à l’abri des prédateurs, comme le martin-pêcheur et l’hirondelle de rivage, cette érosion accélérée favorise la destruction de nombreux habitats animaliers.
Des mesures sont aujourd’hui prises pour ralentir le phénomène. Les voies sur berge sont ainsi consolidées avec du béton. Se fissurant rapidement, il offre un abri à la bergeronnette des ruisseaux qui aime nicher au-dessus de l’eau. La vitesse des bateaux peut être limitée et des pics, planches ou pierres peuvent être disposés pour diminuer l’amplitude des vagues. Le fait de briser les vagues facilite l’ancrage des végétaux et donc la renaturation des berges. Cette renaturation permet de ralentir l’érosion tout en recréant des habitats naturels. Les espèces choisies, comme les aulnes, saules ou frênes, composent des ripisylves, ou forêt des rives. Leurs racines denses soutiennent les berges et résistent à une longue immersion en cas de montée de l’eau. Ces arbres offrent des abris à la faune aquatique, qui profite de leurs grandes racines, mais également à des chauves-souris et à de nombreux oiseaux installés sur les branches au ras de l’eau. S’ajoutent à ces arbres des roselières, composées de roseaux, des fleurs et des prairies qui accueillent passereaux, insectes ou grenouilles.
Merci à Cloé Fraigneau pour son article dans le cahier Banlieue sur Seine. Histoire et devenir des usages et paysages du fleuve qui a servi de base à la rédaction de cette bulle.