N° 8 : studio Martinet

Le Studio Martinet : 1935-2015, un commerce, une famille, un lieu

30, rue Victor-Hugo 91260 Juvisy-sur-Orge

Zone de chalandise : Juvisy-sur-Orge et communes alentours

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Christian et Laurence Martinet, les propriétaires du studio martinet, 2015 (1)

 

Histoire du commerce

1887 : naissance de Victor Martinet, grand père de Christian Martinet

1900 : Victor commence son apprentissage de la photo à Tours

1911 : Victor se marie à Paris et s’y installe. Il travaille dans le studio de Mme Saurignet

1914-1918 : Victor est photographe dans l’armée de l’air

1935 : Victor installe son studio à Juvisy-sur-Orge au 32 de la rue Victor-Hugo. Il reprend alors l’activité de M. Alibert, établi depuis 1927

1944 : bombardement de Juvisy-sur-Orge. Le studio est détruit

1946 : plan de reconstruction de Juvisy-sur-Orge. Le studiot sera reconstruit à l’identique au 30 de la rue Victor-Hugo

1960 : Hubert Martinet, succède à Victor, son père

1960-1970 : démocratisation de la photographie et apparition de grands laboratoires

1987 : Christian Martinet reprend à son tour le studio, après avoir été l’apprenti de son père

1995 : Christian s’intéresse à l’image numérique

 

 

Le studio est créé en 1935 par Victor Martinet qui s’installe dans un pavillon acheté à un particulier afin de s’éloigner de la vie parisienne. Il était auparavant ouvrier-photographe dans un studio situé sur l’avenue Victor-Hugo à Paris. Victor Martinet a également été photographe aérien durant la Première Guerre mondiale : certains de ses clichés sont encore précieusement conservés au studio Martinet. La Seconde Guerre mondiale fait subir à Juvisy-sur-Orge des bombardements qui détruisent en partie la rue Victor-Hugo. Le photographe doit alors travailler à domicile et ne retourne dans la rue Victor-Hugo que quelques temps plus tard, passant du n° 32 au n° 30. Victor Martinet réalise de nombreux portraits de Juvisiens dans son atelier. Celui-ci bénéficie d’un éclairage naturel grâce à une baie vitrée donnant sur le jardin et à une ouverture zénithale. Il réalise également des photographies en extérieur, à la plage, en transportant son matériel et en suivant les familles aisées en vacances. En 1960, le studio est repris par Hubert Martinet (le fils de Victor Martinet) qui doit faire face à la démocratisation de la photographie couleur et à l’apparition de grands laboratoires comme Kodak. Géré depuis 1987 par Laurence et Christian (petit-fils de Victor Martinet), le studio poursuit la spécialité de la famille : les portraits, en particulier en noir et blanc. La révolution du numérique impose une adaptation des services proposés par le studio. Aujourd’hui, le studio Martinet réalise toujours des tirages argentiques, mais aussi des tirages à partir de supports numériques. La chambre noire reste pour Christian Martinet « l’essence du métier ». A l’heure où beaucoup d’amateurs se déclarent photographes et où la production d’images est accessible à tous grâce à l’évolution des technologies, le studio Martinet fête ses 80 ans.

 

Urbanisme et architecture

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Studio Martinet vu depuis la rue Victor-Hugo, 2015 (1)

Le studio se situe en rez-de-chaussée d’un bâtiment d’habitation de deux étages, en centre-ville :« Bien que ça commence à changer aussi, ça s’est construit un peu, mais on est dans un quartier pavillonnaire, dans un quartier commerçant, avec un marché et de nombreux commerces. On est dans un vrai centre-ville en fait. »

La particularité de cet édifice est qu’il a été reconstruit, après avoir été détruit durant la Seconde Guerre mondiale. Avant le débarquement de Normandie, la gare de triage de Juvisy est la cible de bombardements alliés. Le centre-ville est particulièrement touché car proche de la gare. Le plan de reconstruction et d’aménagement est confié à l’architecte-urbaniste Paul Ohnenwald.  Les rues du secteur sont redessinées. La rue Victor-Hugo illustre bien le procédé de reconstruction mis en place : alterner plein et vide, définir des gabarits de constructions et dessiner des modèles de clôtures afin d’assurer un ensemble harmonieux.

Le studio est reconstruit quasiment à l’identique. La seule différence que l’on peut noter est la disparition de la verrière zénithale dans le local actuel. Mais on reconnaît facilement la porte au fond du studio donnant sur les laboratoires, la baie vitrée latérale ouvrant sur le jardinet et même l’emplacement des radiateurs. L’organisation spatiale du commerce, ou plutôt de l’atelier, est donc la même depuis 1935. L’espace est divisé en trois parties : une boutique donnant sur rue et offrant une vitrine aux flâneurs, un studio de prise de vue et un laboratoire à l’arrière.

 

Contexte global

Quand Victor Martinet s’installe à Juvisy-sur-Orge, il s’agit de la banlieue relativement éloignée de Paris. Il y venait pour fuir le tumulte de la capitale : « C’était la campagne ! Donc il venait le week-end. Et il travaillait aussi d’ailleurs. Il travaillait aussi, parce que c’était un passionné. […] Un concours de circonstance a fait qu’il est arrivé à Juvisy, puisqu’il avait un petit pavillon à Viry-Châtillon, mon grand-père. Il venait régulièrement se ressourcer un peu. »

Aujourd’hui, Juvisy-sur-Orge fait partie du grand Paris et les Martinet se pose la question d’aller chercher le calme ailleurs, sur la côte normande, chère à leur famille, peut-être…

En 80 ans, le studio Martinet a été le témoin de nombreux bouleversements : l’apparition des congés payés, le développement urbain de la région parisienne, la démocratisation de la photographie… Les changements de comportements vis-à-vis de la photographie et de l’image se sont poursuivis jusqu’à aujourd’hui, comme en témoigne Christian Martinet à propos des mariages : « On prend l’exemple des mariages. Puisque je fais des mariages depuis 1977, ça fait un certain nombre d’années. Et j’ai connu, quand j’ai démarré, quand il y avait des amateurs qui étaient assez bon, qui avaient un bon appareil réflexe 24-36, qui essayaient de faire de la photo. Ils étaient là autour de moi. J’avais mon bon vieux 6-6, je faisais des photos… Bon. Et après, j’ai connu l’engouement du caméscope! Les gens avaient l’œil rivé sur leur caméscope, ils filmaient tout ce qui bougeait. Ça c’est fini. Il y avait des grosses caméras, il y a eu des petites… Après, il y a eu une vague aussi avec les appareils compact. Des appareils plus petits que les gros réflexe. Les gens faisaient aussi de la photo. Après il y a eu le début du numérique. Où là, il y avait 50 personnes de chaque côté, qui mitraillaient dans tous les sens. Et qui, globalement, descendaient les marches de la mairie en jetant à peu près les trois quarts de ce qu’ils avaient photographié. Et puis après, il n’y a plus rien eu… Pendant un moment. Plus personne ne bougeaient dans la salle. Ils devaient être gavés d’images. » La révolution du numérique a profondément bouleversé le métier de photographe. Il y a une quinzaine d’années, ils étaient encore près de 40 photographes dans le secteur. Aujourd’hui, il n’en resterait que 4…

 

Anecdote

Victor Martinet partait sur les côtes normandes avec son matériel pour photographier les vacanciers et les baigneurs. C’était aussi l’occasion pour sa femme et ses fils de partir en vacances.

 

 

 

 

Vers un autre commerce de la carte

N° 1 : Pharmacie de la Vieille Poste, Paray-Vieille-Poste

N° 11 : Quincaillerie Guinard, Savigny-sur-Orge

Carte et liste des commerces de l’exposition hors-les-murs

Présentation de l’exposition hors-les-murs et liens vers les autres commerces

Crédits iconographiques : (1)  Maison de Banlieue et de l’Architecture, Manon Bélec, photographe ; (2) Studio Martinet ; (3) Maison de Banlieue et de l’Architecture, réalisation : Manon Bélec

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